Notre vision de la gouvernance : restaurer et faire vivre la démocratie

 Par nature, l’université se trouve aux avant-postes des changements et des aspirations qui traversent la société. Lieu de réflexion, de création et de partage, elle n’échappe malheureusement pas à l’emprise croissante de la marchandisation, dans un monde où la mise en concurrence est la règle. Certains changements signent un progrès manifeste. D’autres en revanche ne sont que les stigmates d’une politique qui vise la disparition pure et simple de l’ESR public.La mise en place d’une gouvernance oligarchique, plus facilement sensible aux sujétions extérieures et toujours plus éloignée des personnels et des étudiants, fait partie de ces dérives.

Ainsi il y a eu un très net reflux du politique, au sens noble du terme, et de l’humain au sein de l’établissement lors de cette mandature. Si le processus n’est pas nouveau, parce qu’il est induit pour partie par les réformes successives de l’enseignement supérieur (multiplication et complexification des missions), rien n’oblige à aggraver la situation en faisant le choix de la défiance, du contrôle permanent,  de la taylorisation des tâches et de la technocratisation de l’université. 

C’est la raison pour laquelle, au sein du Groupe Renouvelons, nous considérons que promouvoir une gouvernance fondée sur la collégialité, la participation du collectif, le débat, et permettant des initiatives et des prises de décision partagées, mais surtout discutées, sera un puissant levier pour résister à certaines injonctions délétères de la tutelle et aux dérives autoritaires en interne. Dans le cadre actuel de l’EPE et dans l’hypothèse de création du Grand Établissement, la mise en place d’une gouvernance pleinement démocratique, et à contre-courant de la tendance nationale actuelle, est impérative. Elle permettra, chemin faisant, de rompre avec un mandat marqué par un exercice solitaire et hors-sol du pouvoir et une dévitalisation totale des conseils et autres instances.

Forts de ce constat, quels sont nos engagements en la matière ?

 1. Avant toute chose, faire vivre la démocratie implique de revenir vers la communauté quand la question/la décision dépasse le mandat pour lequel les conseillers et les conseillères ont été élus ou engage l’avenir de la communauté toute entière. La démocratie repose sur la représentation et non pas sur l’incarnation. Par exemple, l’équipe présidentielle sortante n’avait pas reçu mandat pour une décision aussi grave que la mutation en EPE et n’avait pas la légitimité nécessaire pour engager la communauté sur cette voie, représentant la quintessence du néo-libéralismeuniversitaire. Il aurait fallu consulter largement la communauté par référendum sur cette question cruciale. 

NOTRE ENGAGEMENT DEMOCRATIQUE ET SOLENNEL : SOUMETTRE AU REFERENDUM L’ÉVENTUEL PASSAGE AU GRAND ÉTABLISSEMENT


2. Une condition d’évidence est de redonner aux conseils centraux et au conseil des composantes la place qu’ils n’auraient jamais dû perdre. Devenues de simples chambres d’enregistrement des négociations, des projets et des décisions prises, au mieux,  dans d’obscures conclaves, ces instances doiventretrouver les moyens de travailler et d’exercer pleinement le mandat qui leur a été confié par la communauté. Sur les sujets représentant des enjeux stratégiques pour l’établissement (campagne d’emploi, calendrier universitaire, contrats d’objectifs et de moyens, politique de site, alliances universitaires, finances, etc.), des commissions paritaires, émanations des conseils, devraient être constituées afin de contribuer de façon collégiale à l’élaboration de propositions concrètes. 


3. La transparence doit être au cœur de tous les processus, a fortiori dans le cadre transitoire de l’EPE. Pour cela, l’accès à l’information pour toute la communauté universitaire doit être garanti. 

À cet effet, nous nous engageons à : 

  • Établir un vrai calendrier institutionnel prévisionnel annuel pour les conseils centraux avec la liste des dossiers récurrents à traiter au cours de l’année. Cela permettrait de juguler l’effet néfaste des injonctions et informations contradictoires, de l’incertitude qu’elles créent, et de l’urgence permanente. Tout cela est fortement préjudiciable au travail serein et éclairé. Ce calendrier serait accessible, en outre, non seulement aux conseillères et aux conseillers mais à l’ensemble des membres de la communauté intéressée, avec dépôt de la documentation des conseils pléniers via la GED (espace de Gestion Électronique des Documents). 
  • Garantir le fonctionnement démocratique et la circulation des bonnes pratiques en déposant, en accès libre sur la GED, l’information relative aux UFR, UR et UMR (réunions et décisions). L’accessibilité des décisions est une des garanties du fonctionnement démocratique et de la circulation des bonnes pratiques. C’est aussi ce qui nous permet de faire communauté. 
  • Diffuser les conseils pléniers centraux en ligne en direct et les mettre à disposition pour une durée de 2 semaines. La décision de ces diffusions sera soumise au vote des conseils concernés en début de mandature. 

4. Faire vivre la démocratie, c’est envisager l’exercice des responsabilités de façon polycentrique.

  • Développer une culture de la démocratie participative. Par un canal de communication ad hoc (plateforme collaborative), tous les personnels et étudiants pourront, directement et s’ils le souhaitent de manière anonyme, transmettre des requêtes et propositions  au(x) conseil(s) de leur choix. L’idée ici n’est pas de concurrencer les conseils (centraux ou autre instance décisionnelle d’ailleurs) mais de permettre à la communauté de s’exprimer sur des sujets précis. Il faut faire confiance à l’intelligence collective, notamment sur des sujets comme les statuts de l’EPE, l’éventuel Grand Établissement, la qualité de vie au travail, etc., car la démocratie est un processus. Elle ne se résume pas à la délibération.
  • Faire confiance aux UFR, comme forces de proposition, en contact direct avec les usagers, les collègues et, en somme, avec la réalité du terrain via les départements. Il doivent retrouver des marges de manœuvres qui leur permettent d’élaborer et de prendre collégialement les décisions qui redonnent du sens au travail. Les UFR (conseils et services) ne doivent pas être les simples relais et les exécutants des décisions émanant de la présidence et des services centraux. De la même manière, pour les décisions relevant du périmètre des UFR, le conseil des composantes devrait être systématiquement consulté et émettre un avis transmis obligatoirement et préalablement aux conseils centraux devant délibérer sur ces questions.
  • Arrêter la technocratisation de l’organisation et des procédures et la caporalisation, qui dénaturent les missions, exposent agents et usagers à des risques psycho-sociaux bien connus et font perdre au travail tout son sens. Encore une fois, la technique doit être au service de l’humain, et non l’inverse. En réalité, les outils sont moins en cause que l’usage qui en est imposé. Les logiciels devant faciliter la gestion des services (SAGHE), des salles et des plannings (ADE) et des missions (NOTILUS) n’ont fait, pour l’heure, qu’alourdir les procédures et augmenter la souffrance au travail du plus grand nombre des personnels. 

LA DÉMOCRATIE N’EST PAS UN SUPPLÉMENT D’ÂME : ELLE SERA AU COEUR DE NOTRE GOUVERNANCE.

Le groupe Renouvelons les Énergies