Pour une vraie politique de la recherche inclusive et fédératrice

Avec trois vice-présidentes du (ou déléguées au) Conseil Scientifique, il était permis d’espérer que l’accent de la présente mandature serait plus que jamais mis sur la recherche et sur le développement d’une stratégie hissant l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 à la pointe de projets structurants, en réseau avec d’autres universités. Au terme du mandat, certaines réussites sont là (MIRANDA, ICARES). Mais ces vitrines de la recherche pour notre université ne donnent à voir que deux secteurs restreints de l’activité scientifique des différentes unités de recherche, occultent celle menée dans toutes les autres disciplines ou les dénaturent en les poussant à se couler dans des moules contraignants. En début de mandature, la vice-présidence du Conseil Scientifique, fidèle à son argument électoraliste, avait indiqué ne pas souhaiter répondre à des appels à projet de type PIA, mais plutôt faire de la recherche “autrement”, en mettant en avant une transversalité absolue autour d’axes scientifiques communs… appelés à être bientôt délaissés. Au reste, cette stratégie a subi plusieurs échecs cuisants (premier PIA4, AMI SHS).


Coïncidence, la thématique des industries culturelles et créatives, qui, comme on l’a vu récemment, devait structurer le site (entendons fédérer les acteurs du service public et du privé) dans un EPE, était soufflée par le rectorat. L’intention était peut-être louable, mais elle empiétait de fait sur la liberté et l’indépendance scientifique de l’université, de ses enseignantes-chercheuses, enseignants-chercheurs, chercheuses et chercheurs. En lieu et place de la structuration d’une recherche riche de sa grande diversité (bien précieux en des temps de réduction des champs de recherche aux seuls domaines en prise avec les questions sociétales et/ou dans l’air du temps), la présidence a déséquilibré la structuration scientifique de notre université. En outre, elle nous a engagé(e)s sur la voie de la dissolution de l’université Paul-Valéry Montpellier 3 dans un EPE, puis peut-être d’un grand établissement, avec tous les dangers sur lesquels plusieurs instances et syndicats nous ont déjà alertés. Plus déstabilisant encore, le fonctionnement du PIA Miranda reproduit exactement en interne la politique ministérielle tant honnie : un système permanent d’appels à projets, digne des procédures les plus compétitives (ERC, ANR, etc.), avec à la clé du saupoudrage de financements dont les montants dérisoires visent à satisfaire le plus grand nombre. 


Côté alliance européenne, avec le « choix » de l’alliance universitaire FILMEU, un tableau similaire se dessine. Là encore, c’est faute de mieux et dans l’urgence, et sans discussion ou concertation préalable au sein des instances représentatives de la communauté des enseignants-chercheurs et chercheurs. C’est ainsi que nous nous trouvons embarqués dans le train d’une alliance universitaire qui non seulement n’est certainement pas encore de nature à promouvoir et à visibiliser la diversité de la recherche à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 mais encore nous lie à plusieurs partenaires privés, tel son principal acteur, l’Universidade Lusófona (Portugal). 


Que dire du conseil scientifique aujourd’hui sinon qu’il n’est plus qu’une simple chambre d’enregistrement (dont le discours est toujours tourné vers le CNRS), où le débat est absent, interdisant de ce fait toute réelle discussion et, a fortiori, toute possible co-construction d’une véritable politique scientifique. 

L’instance est scientifiquement moribonde, mais d’une vivacité technocratique remarquable.

Face à ce constat amer, nous proposons trois niveaux d’action :

Au niveau individuel :

  • Faire de la diversité une force en garantissant la liberté et la reconnaissance d’une recherche plurielle et donc en soutenant chaque enseignant-chercheur dans son activité de recherche. Pour ce faire, nous proposerons un droit à semestre 100% recherche pour tout enseignant-chercheur, suivant une périodicité à définir adossé à un dispositif de compensation à 100% (heure pour heure). Cela viendrait en complément du nombre de CRCT annuels octroyés par le ministère.
  • La recherche comprend un nombre important de CDD, dans une large mesure contraints (postdoc ; projets ANR, européens…). Or, leur visibilité au niveau de l’établissement est nulle et leur grille salariale est  comparativement plus basse que dans nombre d’établissements (cf. grille INRAE ou CNRS). Nous nous engageons à réévaluer ces rémunérations afin de déprécariser ces personnels et de rendre notre université plus attractive. 
  • Réaliser une cartographie des services d’appui à la recherche, des besoins en personnel afin de permettre aux personnels administratifs de la recherche d’exercer leurs missions en toute sérénité et dans des conditions dignes. 
  • Être à l’écoute des besoins (matériels, techniques et espace de travail) des doctorants et des doctorantes afin d’accompagner la recherche de demain dans les meilleures conditions.

Au niveau des unités :

  • Favoriser le dialogue entre les unités de recherche afin de faire émerger de véritables axes fédérateurs pour la recherche, en faisant confiance à l’intelligence collective et en recourant à des démarches de démocratie participative.
  • Mettre en place un vrai Conseil des Directeurs d’Unités qui pourra réfléchir aux grandes orientations de la recherche au sein de notre université, promesse de campagne de la gouvernance actuelle en 2020 qui proposait une “institutionnalisation des réunions des directeurs de laboratoire”, mais qui s’est finalement réduite à une simple série de réunions d’informations.

Au niveau de l’établissement :

  • Renforcer la diffusion et la mise en valeur de nos recherches auprès de la société (cf. échec symptomatique de la fête de la science, malgré l’investissement considérable des unités de recherche et de leurs membres) comme moyen également de valoriser l’établissement et le travail fourni.
  • Bâtir une véritable stratégie de recherche structurée autour d’axes et de thèmes de recherche véritablement fédérateurs et transversaux qu’il appartient à la vice-présidence du conseil scientifique de promouvoir et de faire vivre.
  • Améliorer l’information interne sur les projets financés. Sait-on actuellement combien de projets ANR (et autres) sont coordonnés depuis notre établissement ? Ils sont répertoriés sur une page mais sous forme d’une liste sèche. Quels sont ceux dans lesquels nous sommes partie prenante ? Cela se sait au sein des laboratoires mais à l’extérieur ce n’est pas communiqué (le bilan Stratégie ne le mentionne d’ailleurs même pas).
  • Simplifier les démarches pour ne pas alourdir, en interne, l’obtention de soutien financier pour les projets participant à la réussite collective.
  • Se donner les moyens d’obtenir des projets financés sans en faire un sujet discriminatoire et augmenter significativement les moyens pour soutenir les collègues qui s’engagent dans la réponse aux appels.

Le groupe Renouvelons les Énergies