Depuis 1990, les abondances d’oiseaux communs ont diminué de 60% en France, celles des insectes d’au moins 40%. L’artificialisation des sols atteint 10% en France, et il est estimé qu’en Europe plus des ⅔ des sols sont en mauvais état écologique. Les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter avec les conséquences que nous connaissons sur le changement climatique. Nous pourrions continuer à égrener ces données aujourd’hui bien documentées par la Communauté scientifique et nous en alarmer…
En tant que scientifiques et universitaires agissant en pleine conscience, nous avons surtout le devoir d’agir et de montrer l’exemple, de tracer le chemin qui permettra de trouver des solutions ou de nous adapter, d’éveiller les consciences encore endormies.
Malheureusement la direction actuelle n’a pas défini de politique claire et ne propose pas de boussole. Après la démission, il y a un an, de la vice-présidence déléguée à l’environnement (non remplacée depuis lors), aucune politique n’est proposée ni débattue aujourd’hui. Brouillonne dans son approche, sans réelle politique de fond, notre université se contente depuis trop longtemps de réagir face aux injonctions descendantes des ministères et tutelles sur le sujet, et monte des usines à gaz qui accouchent bien souvent d’une souris. Elle se contente de subir, imprimant une vision négative de l’écologie, alors que ces questions devraient être les véritables moteurs pour transformer positivement notre institution et aborder sereinement l’avenir.
Il est temps aujourd’hui de changer de braquet sur ces questions. Voici ce que nous proposons :
- Une Direction Transition Écologique et Sociétale (DTES) au coeur des processus décisionnels
La nouvelle direction créée à ce sujet, malgré le volontarisme de ses personnels, reste une coquille vide, dénuée de moyens et non suffisamment reconnue par les autres services. Elle se débat pour élaborer une stratégie sans réel soutien ni ressources, et doit faire face à de nombreuses injonctions contradictoires. Avec Renouvelons, nous indiquerons une ligne claire et mettrons en place les conditions d’un dialogue constructif et régulier entre services, afin de trouver collectivement les solutions concrètes qui mettront la transition écologique au cœur de toutes les actions envisagées par l’ensemble des services de l’Université. La DTES sera donc renforcée et impliquée dès le départ dans l’ensemble des projets structurants de l’Université.
- Un enseignement pour aller à l’essentiel
Il faut ici revenir à l’essentiel du rapport Jouzel, qui préconise de proposer des enseignements à l’ensemble de la communauté universitaire, incluant les personnels et étudiants, en se focalisant sur les questions clés liées au changement climatique et à la perte de biodiversité. Si notre communauté a tenté une proposition à travers les humanités écologiques, les cours dispensés aujourd’hui doivent être restructurés, simplifiés et objectivés pour revenir aux messages essentiels, et les discussions doivent inclure l’ensemble des enseignants intéressés par le sujet. Malheureusement, et malgré une réelle volonté de nombreux personnels enseignants, par manque de moyens alloués et de dialogue constructif et inclusif, nombre d’entre nous ont pu être découragés de s’engager pleinement. Nous proposons donc de remettre à plat ces enseignements et surtout d’y allouer les moyens nécessaires.
- Une recherche plus impliquée et créative
L’inclusion des laboratoires de recherche dans la transition écologique a été tardive, et, malgré la nomination d’un Référent au sein du Conseil Scientifique, les actions peinent à voir le jour. Le réseau des référents au sein des laboratoires est motivé, mais uniquement basé sur les bonnes volontés individuelles, qui, face aux autres tâches à réaliser, peuvent parfois s’essouffler. Ce travail avec les référents doit être mieux valorisé dans les carrières des personnels, et rendu visible au sein de la communauté par la direction. À Renouvelons, nous proposons de définir une politique claire et concrète sur la TE au sein des laboratoires, avec un plan d’action qui pourra se fonder sur le schéma directeur conçu par la DTES, et qui sera débattu en Conseil Scientifique. Un point TE sera effectué à chaque Conseil Scientifique. Les laboratoires seront soutenus dans leur démarche de transition à travers des appels à projet financièrement dotés en interne, par exemple pour élaborer leur bilan carbone ou mettre en œuvre des actions en faveur de la TE. Un débat collectif sur la compatibilité entre la nécessaire liberté académique et la TE sera proposé en toute transparence, afin de trouver les solutions collectivement.
- Des campus solidaires et responsables
Nous avons la chance de disposer de campus agréables avec de nombreux espaces verts. Mais de trop nombreux projets initiés en faveur de la biodiversité sur le campus ces dernières années, souvent imaginés et proposés par nos étudiants (microforêts, toitures et murs végétalisés, allées végétalisées….), parfois financés, n’ont pas vu le jour ou ont été avortés prématurément pour récupérer les financements et combler les déficits. La gestion de ces espaces verts sera remise à plat, avec un objectif premier de promotion de la biodiversité, des ressources en eau et en énergie, tout en continuant à améliorer le cadre de vie. L’arrosage doit être limité aux seuls espaces qui le nécessitent (par exemple les pelouses fréquentées par les étudiants), et l’entretien de la végétation doit être réfléchi pour promouvoir la biodiversité. Il est aussi nécessaire de limiter l’usage de l’eau en bouteille payant et de proposer des fontaines à eau gratuites partout sur les campus. La gestion des déchets sera optimisée pour sortir des incohérences actuelles proposant un tri différencié aux étudiants sans disposer de filière en aval.La commission patrimoine sera réunie régulièrement pour réfléchir concrètement à ces sujets et proposer des solutions innovantes au bénéfice de tous. Par ailleurs, une véritable réflexion devra être engagée, sous l’impulsion de la DTES pour promouvoir une alimentation durable, qualitative et accessible à tous, privilégiant les circuits courts.
Le groupe Renouvelons les Énergies